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Mes P'tits Seins
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12 mars 2013

La défense de l'esprit et ses amis

Maintenant que je suis sortie de ma bulle de Barbamama, je repense aux choses qui m'ont aidées moralement. Je repense à vous, les connaissances, les amis, les collègues. Il y a les réactions saines, il y a les gens qui vous aident et vous soutiennent, et ça fait du bien. Merci à vous mes amis et famille, qui n'avaient cessé de prendre de mes nouvelles, lire mon blog, cuisiner pour moi, m'accompagner à l'hopital, m'envoyer des films, des livres ou des petits mots... 

Je repense aux choses que vous ne m'avez pas dites, et cela m'a aidé aussi. Comme pour Evelyne, qui a attendu que je retrouve une forme humaine, pour me dire que parfois je lui disais : "Wahouh !! J'ai la pêche aujourd'hui !" et qu'elle se gardait pour elle-même ses réflexions "Mais comment peux-elle dire qu'elle a la pêche alors qu'elle est chauve sans sourcils, qu'elle a perdu 6 kg, et qu'elle a le teint jaune verdâtre ?? " Merci, de me l'avoir dit après, ça m'a bien fait rire. 

Et puis, je repense au plus proche, mon mari. Merci à ses oeillères magiques, c'est à dire, les mêmes oeillères que moi pour ne pas voir la maladie, mais en version magique, donc 1000 x plus performantes. Elles lui ont permissent de planer au-dessus de la maladie, qu'il n'arrivait pas du tout à voir en face. Trop dur pour lui, trop sensible. Lorqu'il m'a accompagné pour la première fois à la chimio, c'était ma 7ème, l'avant dernière. Il disait je vais à MA première chimio. Il me regardait, branchée aux produits, le regard perdu, triste. Je lui ai demandé de partir se balader jusqu'à la fin. J'avais voulu qu'il vienne avec moi, pour réaliser ce qu'il m'arrivait. Mais là c'était trop dur pour lui, alors que moi je n'étais pas triste au départ.

Il m'a trouvé magnifique pendant les 9 mois, même chauve, sans sourcils, le teint vert, ses oeillères marchaient à merveille, il ne voyait pas que j'étais malade. Parfois cela m'énervait, je lui disait "Mais enfin, tu ne vois pas que je suis horrible, que je ne ressemble plus à rien ?" Et bien, non, il ne voyait pas. Il avait pris du super bon matos dans la meilleure boutique d'oeillères magiques. Pas du premier prix, il déteste ça.

Cela m'a valu des avantages. Il ne me traitait pas en malade, et c'était mieux comme ça. Un jour que je revenais d'une chimio, complètement stone avec les montées de nausées, il s'est mis à faire de la batterie à fond (elle est dans notre salon). Mon frère qui était présent me dit affolé, "je vais lui demander d'arrêter", j'ai répondu "laisse, laisse, je préfère ça à un silence de mort". 

Voilà comment mon petit mari, à traversé l'épreuve. Ce fut très dur pour lui, de prendre les rennes de la maison, moi qui suis si souvent pleines d'initiatives, là il fallait qu'il assure. Il a assuré. Et il ne m'a jamais regardé comme une malade. Et cela m'a aidé.

Je vous avez parlé de Mino, la meilleure amie de ma maman. Nous sommes allées la voir en décembre, nous lui avons tout raconté. Elle ne s'était pas vraiment rendu compte du temps qui s'était écoulé depuis sa propre opération. Entre la rééducation et les médicaments, elle vient de refaire surface, de revenir parmi nous. Elle n'a pas été très émue quand nous lui avons raconté nos histoires. Sa fille, ma mère et moi avions les larmes aux yeux, mais Mino restait assez neutre, en empathie avec nous, mais neutre. Et puis, elle s'est mise à nous raconter une autre histoire : "Un homme qui conduisait une voiture, et qui était le seul survivant d'un accident. Sa femme et ses enfants étaient morts. L'homme s'en était sorti mais ne se souvenait plus de rien. Comme si son cerveau avait bloqué l'accès à l'insoutenable. La mort de sa famille et la culpabilité." Nous n'avons pas saisi sur le moment pourquoi Mino, nous parlais de cela, car le récit arrivait comme un cheveu sur la soupe. Mais j'ai compris depuis. Elle voulait peut-être nous expliquer sa réaction face au choc de nos histoires. Et puis, j'ai aussi vite fait la relation avec mon approche de la maladie. Mes oeillères, celle de Björn. C'est la défense de l'esprit face à la maladie. L'esprit fait comme il peut et se blinde. 

J'aurai découvert la magie de l'esprit, sa faculté à nous protéger de la souffrance morale trop forte.

A présent, j'en suis sortie et je dois avouer que mes oeillères m'aidaient pas mal à blaguer sur le cancer...  J'ai un peu plus de mal maintenant que je les ai perdues, et surtout depuis que ma maman retourne faire un tour du côté de chez swann la chimio pour 3 mois... Ouais, un peu plus difficile de blaguer...

Mais on continue quand même, allez il n'y a pas de raison ! Je viens de revenir de chez ma mère, après une semaine de vacances pluvieuses mais super sympa. Elle va bien. Le moral, le physique, tout va bien malgré tout. Je lui avais offert, (ainsi qu'à ma soeur et à moi-même et oui je me suis fait un auto-cadeau !!), un bracelet à Noël, avec inscrit sur des petites plaques en céramique le mot "HOPE*". Les voici : 

 

hope

 

Au Maroc, ma fille de 4 ans me demande ce qu'il y a d'écrit sur mon bracelet. Je lui répond "HOPE", et elle se met à chanter: 

"HOPE, HOPE, HOPE, HOPE, HOPA GANGNAM STYLE !!!"

Alors oui, l'espoir est permis, et est même de rigueur, alors chantons-le !! L'Espoir fait vivre !

 

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Commentaires
S
Très bel article !J'ai eu les larmes aux yeux en le lisant !pffff c 'est mon ptit côté sensible qui ressort . Mais faut dire que tu as tellement bien résume ! Nos maris sont mis à rude épreuve eux aussi ,ils ne connaissent pas les effets de la chimio mais ils les reçoivent en pleine face et je pense qu'effectivement c'est assez violent pour eux ! Ne rien montrer , nous dire que si on est belles malgré, comme tu le dis si bien,plus de sourcils ( et encore moi j'en ai encore )'plus de cils ,plus de cheveux .Ils en ont du courage ! Et il y a nos enfants ...sans ma fille ,je ne sais pas si j'aurais eu la force de me battre autant et si fort !
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